Psychologie du Mouton d’Ouessant

Comportement général

Le mouton est un animal grégaire qui n’aime pas être seul ; plus le troupeau est grand et plus l’effet groupe est visible. Il est souvent plus facile de gérer un petit troupeau de moutons qu’un petit groupe de 2 ou 3 moutons.

Le mouton est un animal qui ne vient pas facilement vers l’homme et ne s’apprivoise pas vraiment facilement. Le meilleur moyen est de faire tout ce que l’on peut dans ce sens avec des agneaux et ce, dès leur naissance. Même des agneaux nourris au biberon ne seront pas forcément familier une fois sevrés.

Lorsqu’un mouton a peur, ou se sent déstabilisé, il cherche à rejoindre son troupeau et à se fondre dans la masse. Par contre, lorsqu’il panique, il va n’importe où en courant, souvent droit devant lui sans réfléchir. Il peut aussi foncer dans un grillage en passant la tête dans un espace ouvert (carreau ou tout autre trou quelconque). Il peut aussi sauter assez haut (par rapport à sa taille).Il peut aller très loin comme cela et se perdre.

Lorsqu’un mouton veut tenir tête ou essayer d’effrayer le «  prédateur « , il fait face, tape du sabot (avec une patte avant) comme pour dire : «  fais attention, je peux attaquer …. !!! «  (par ex. cela se voit souvent lorsqu’une brebis veut protéger son agneau devant un chien par ex.). Il peut aussi «  charger «  c’est à dire «  rentrer dans le lard «  de l’ » agresseur « , plus ou moins fortement.

Mais tout cela a vite des limites ……

Par contre, lorsqu’un mouton est attrapé par un prédateur, il se couche et ne se défend pas. Lorsqu’un mouton se retrouve sur le dos (les 4 pattes en l’air), et cela arrive qu’il ne puisse pas se relever tout seul, ou se retourner pour se retrouver couché sur le côté ; dans ce cas, il en meurt.

Quand les moutons sont en troupeau et qu’ils doivent passer par un nouveau passage, par ex. personne ne passera tant qu’une brebis plus hardie ne fasse le premier pas et passe ; alors tout le troupeau suivra sans se poser trop de questions …..brebis et year 001

Les moutons entre eux n’ont pas vraiment de hiérarchie. Il n’y a pas un chef, un sous-chef, et etc …. tout le monde cohabite en bonne entente normalement. Par contre, il y a des brebis plus meneuses que les autres, plus hardies devant la nouveauté, et d’autres plus timides, d’autres plus affectueuses, ou plus sauvages, ou d’autres encore plus indépendantes ….

Les  » affrontements  » se rencontrent plus spécialement entre les béliers lorsqu’ils se disputent la même femelle. Il peut y avoir entre eux des bagarres de hiérarchie pour la reproduction. Cela peut au pire mener à la mort de l’un d’entre eux (cela arrive quand même pas trop souvent).

Les moutons sont des animaux facilement bavards …. ils bêlent facilement : pour s’appeler (une mère et son agneau) pour se prévenir des bonnes trouvailles faîtes dans les pâtures …. (fruits par ex.) pour extérioriser leurs envies face à leur berger : «  j’ai faim … ; je veux du grain …. ; j’ai soif … ; on t’a vu, on veut rentrer …. «

Par contre, un mouton qui a peur ne bêle pas, de même lorsqu’il est en fuite. Et aussi lorsqu’il souffre …..

Lorsqu’un troupeau de moutons bêle, il n’y a plus qu’à satisfaire au plus vite son besoin, ou se boucher les oreilles ….. !

 

Le mouton ouessant peut se montrer calme, réfléchi, moins craintif et plus vite social avec l’homme que la plupart des moutons ordinaires. (c’est ce qui m’a frappé lorsque j’ai eu mes premiers groupes d’ouessant). Par contre pour cela, il faut savoir les mener calmement, en s’adaptant à leur rythme et à leurs besoins de petits moutons ….. et surtout le mieux est de pouvoir apprivoiser ses agneaux dès la naissance !

Troupeau

Troupeau

 

Relation avec l’homme

Pour qu’un mouton soit apprivoisé, il faut des circonstances particulières : soit élever un agneau au biberon (bien que tous les agneaux élevés au biberon ne deviennent pas tous familiers une fois sevrés …. ) , soit caresser tous les jours (plutôt deux fois qu’une) l’agneau un petit moment, et ce sur une période plus ou moins longue selon l’animal (moyenne un mois).agneaux  tracteur 016

Dans le cas où l’on s’occupe d’un agneau sans lui donner le biberon, voilà comment je procède :

Tous les jours, je bloque l’agneau entre mes deux mains, ou contre moi, et je le caresse un peu de partout en insistant d’abord surtout aux endroits préférés des moutons (essentiellement le poitrail). Je ne garde pas trop longtemps l’agneau, pour ne pas qu’il associe ce moment à quelque chose de stressant. Je peux aussi le prendre dans mes bras et le caresser aussi (et lui faire des bisous …. car c’est trop craquants). J’agis ainsi deux fois par jour, jusqu’à ce qu’il prenne plaisir à mes caresses et ne cherche plus à s’en aller. (cela peut prendre plusieurs semaines ; des fois il faut moins de temps, cela dépend des animaux).

Je fais aussi attention au progrès de l’agneau en étant attentive à toutes ses tentatives pour venir vers moi et me connaître : par ex, venir sentir mes chaussures, ou mordiller mon pantalon, ou simplement me sentir de près. Quand l’agneau vient déjà tout près, c’est un grand pas de fait …. puis lorsque je peux le prendre dans mes bras à ce moment là sans qu’il s’en aille bien vite, c’est aussi génial ; puis quand je peux m’accroupir quand l’agneau est près de moi et qu’il ne s’en va pas, et que je peux aussi le caresser sans le maintenir avec mes mains, c’est que c’est gagné !!!agneaux  tracteur 018

Je garde bien l’habitude aussi (comme je fais toujours) d’être pour le plus d’occasion possible au milieu du troupeau et me déplacer dans leur espace pour le maximum de choses que je dois faire. (distribuer le foin, le grain, nettoyer un abreuvoir, vérifier ceci ou cela).Ainsi les agneaux s’habituent à ma présence n’importe où dans leur espace, et s’habituent aussi à mon déplacement.

Cela est très important, car ensuite, ils ne sont plus surpris lorsqu’ils me voient dans un pré, et ils gardent l’habitude de venir vers moi s’ils le veulent, et surtout de ne pas déguerpir dès que je bouge un peu près d’eux …..

Les agneaux ou jeunes moutons peuvent passer par des périodes caressantes ou moins caressantes ou m’ignorer même après avoir passé une période très caressante ….. D’autres qui se montraient plus sauvages malgré mes avances, peuvent un jour chercher les caresses alors qu’ils ne paraissaient pas les apprécier ….. ! cela fait de bonnes surprises !agneaux  tracteur 007

Une fois que l’apprivoisement est vraiment solidement ancré dans l’animal, normalement ça reste jusqu’à la fin de sa vie, mais cela est valable normalement qu’avec la personne qui est en relation avec lui.

Un mouton  » câlin  » peut très bien rester un très long moment avec la personne aimée pour se faire caresser ou simplement profiter de sa présence.

Pour les agneaux élevés au biberon, il faut aussi procéder à ce temps de caresse, même si l’agneau vient vite spontanément vers la personne pour avoir son biberon, car sinon, la relation peut rester  » biberon  » uniquement, et lorsqu’il n’y aura plus le biberon, il n’y aura plus rien ….arbres + hada + agneaux 012

 

 

 

 

Utilisation des sens

La Vue :

Le mouton repère vite un objet nouveau.
Comme toutes les proies potentielles, il est très attentif à tout changement dans son environnement : objet – personne – animaux, etc ….
Il repère aussi très bien tous nos gestes quotidiens, ainsi que l’ordre dans lesquels nous les faisons, lorsqu’il y a des habitudes répétées régulièrement.
Par ex : lors du nourrissage à l’intérieur d’un bâtiment, les moutons enregistrent l’ordre dans lequel nous faisons tous nos gestes : entrer par telle porte, puis balayer la mangeoire en commençant par la gauche, puis passer à la mangeoire suivante et la balayer aussi en commençant par la droite, puis passer par dessus une palette et prendre le seau de grain (là les bêlements vont se faire entendre ….!) puis verser le grain dans la mangeoire n° 1 puis n° 2, etc …. Les moutons vont suivre un à un tous nos gestes et déplacements et sauront ainsi, grâce à l’ordre de ce que nous faisons ce qui va se passer.
Si par ex, on balaye d’abord la mangeoire N° 2 au lieu de la 1, les moutons bêleront, car ils penseront que l’on va prendre le grain ensuite …..

L’odorat :

Le mouton enregistre toutes les odeurs de ce qui lui est familier, autant objet, nourriture, ou personne. Dès qu’il sent une odeur qu’il ne connaît pas (par ex : nouvelle personne, ou nouvel aliment dans la mangeoire), il aura probablement un mouvement de retrait en première réaction. Ensuite, il reviendra sentir par curiosité : si l’odeur lui plaît, il goûtera s’il s’agit d’un aliment. Sinon, il faudra attendre que la nouvelle odeur lui devienne familière (par ex : odeur d’un chien, ou d’une nouvelle personne) pour qu’il s’en approche et n’en ai plus peur.

L’Ouïe :

Le mouton réagit beaucoup aux bruits, sonorités et enregistre très vite leur signification pour lui.
Par ex : si on donne du grain tous les jours, le mouton aura vite repéré le bruit du grain tombant dans le seau, et il bêlera à chaque fois qu’il entendra ce bruit, même si ça ne lui est pas destiné.
Il reconnaît de suite notre façon de l’appeler, la façon que l’on a de l’interpeller pour qu’il bouge ou autre. Il est sensible au ton de la voix (une voix douce, un peu grave, rassure ; une voix forte, criante fait fuir ou rester en retrait).
Le mouton est capable de comprendre les nuances d’aboiements d’un chien qu’il connaît. (ex : «  super !   Ma maîtresse est là «  ; ou «  attention danger «  ; ou « je signale ma présence mais il n’y a pas de danger « ,etc …)
Il ne faut donc pas hésiter à se servir de la voix, de mots dans notre relation avec lui.

Le toucher :

Les moutons n’ont pas peur d’être en contact proche les uns avec les autres. N’ayant pas spécialement de hiérarchie, ils supportent la présence proche de n’importe lequel du troupeau.

Les moutons ne se lèchent pas, ni ne se gratouillent les uns les autres pour se dire qu’ils s’aiment bien. Par contre, ils se couchent plutôt à côté d’un autre mouton apprécié, mais cela est plutôt visible pour les agneaux vis à vis de leur mère, plus que pour les adultes entre eux.

Les agneaux aiment souvent se coucher les uns contre les autres, en  » tas « , des fois aussi sur leur mère ou une autre brebis …..

S’il y a un ou des chiens de protection dans le troupeau, les moutons qui apprécient beaucoup le chien recherche sa présence en restant à côté de lui ou en se couchant près de lui lors des moments de repos ou de sommeil.

Le mouton est très réactif au toucher de l’humain : ça peut être en fuite, s’il n’a pas envie qu’on le touche ou qu’il n’aime pas être touché à cet endroit ; mais ça peut-être aussi en s’abandonnant au gratouillement ou caresse s’il apprécie beaucoup notre geste.

Le mouton n’aime pas trop être touché sur le dos, ainsi que sur le cou ; les pattes aussi sont des endroits sensibles.

L’endroit préféré pour les caresses se situe sous le poitrail entre les pattes avant. On peut élargir cette zone un peu plus sous le ventre et sous le cou. Le mouton apprécie aussi souvent les caresses sur les joues.

Vient ensuite des endroits pas toujours supportés de suite, mais qui provoquent aussi du plaisir au fur et à mesure que l’animal en est sensibilisé : ce sont le front, vers les cornes, autour des oreilles, le haut de la nuque, le  » museau  » et sous le menton, les flancs et sous tout le ventre.

Un mouton que l’on caresse  ou gratouille, et qui y prend du plaisir, reste immobile à côté de vous, et s’il est au comble du bonheur, il fermera un peu les yeux ….

Le Goût :

Le mouton est Gourmand ….. ! C’est un atout pour l’apprivoiser.

Par contre, il ne se précipitera pas sur un aliment qu’il ne connaît pas, même si après, une fois habitué il en raffole. Lorsque l’on donne un nouvel aliment ou friandise à un mouton, il faut répéter cela plusieurs jours de suite, pour voir si vraiment il y prend goût ou pas.

Personellement, je me suis servi de morceaux de biscottes  » bien craquantes  » pour apprivoiser mes premiers ouessants : la biscotte craque sous la dent du mouton qui la mange et le bruit donne envie aux autres de goûter ….. c’est une friandise en général bien appréciée. Il y a aussi le pain dur, le grain bien sûr ….. des fruits divers et des feuilles de légumes et légumes, bref, pas de mal de choix.